& les Chroniques
Express
White Canyon and The 5th Dimension
"Spectral Illusion"
DATES | Sorti le 2 avril 2021 | Publié le vendredi 6 août 2021
ET ALORS | Inutile d’y aller par quatre chemins : "Spectral Illusion", le très addictif second album de White Canyon and The 5th Dimension est un authentique album de guitares, tour à tour domptées et douces, puis sauvages et rugueuses, qui serpentent sur le sinueux chemin du rock psychédélique et du post punk minimal que le groupe s’est choisi. C’est un album qui se faufile entre mystère et mystique, qui parle de légendes et de l’au-delà, de fantômes, de spectres et de serpent qui se mord la queue, et dont la pochette illustre à merveille le propos. Dans cette brume orchestrée par les guitares nerveuses et les cymbales d’une batterie bestiale, l’on croit reconnaître la voix de Jim Reid sur une obscure face B compilée sur le "Barbed Wire Kissed" de The Jesus and Mary Chain. Mais "Spectral Illusion" sait être autre chose de plus sournois, de plus inquiétant et de plus perçant aussi, grâce à cette rythmique qui semble se caler sur le souffle court d’un animal nocturne en chasse, comme sur le magnifique "Endless Sea" de neuf minutes. Organique, impulsive et instinctive, telle est la musique de ce duo brésilien mixte extrêmement discret mais diablement efficace, capables de produire un disque surprenant, si mystérieux, lancinant et enivrant.
VOUS
LECTEURS
PRÉMO
16/20
Wire
"10:20"
DATES | Sorti le 19 juin 2020 | Publié le mercredi 1 juillet 2020
ET ALORS | Et de dix-huit pour Wire depuis le début de leur carrière, ou de neuf depuis leur reformation au début du XXIe siècle, après dix ans de silence. Et en 2020, "10:20" est aussi le deuxième album depuis le début de l'année après l'excellent "Mind Hive" sorti en janvier ! Confinement oblige, bon nombre de musiciens n'ont plus eu rien d'autre à faire, enfermés chez eux, que composer, composer, encore et encore. Alors tant pis pour les concerts, pour le fan de base il n'y a pas mieux qu'un nouveau disque ! "10:20" n'est pas cependant un véritable album doté de nouveaux morceaux, mais il reprend avec brio (avec qui ?) le flambeau de "Change Become Us" sorti en 2013, à savoir des réinterprétations de leurs propres morceaux. Qui dit "réinterprétation" ne dit pas "reprise", car cela va plus loin : Wire est capable de détruire soigneusement ce qui avait fait le succès d'un titre pour le reconstruire avec une rare intelligence, de nouveaux instruments et de nouvelles émotions. Et pour terminer cette chronique comme on l'a commencée, par des chiffres, ajoutons que l'âge est loin d'être rédhibitoire en matière de qualité : soixante ans, cela fait trois fois vingt ans, peut-être l'âge où l'on est le plus prolixe...
CONNEXE | Post-punk | Culte
VOUS
LECTEURS
PRÉMO
17/20
Sex Swing
"Type II"
DATES | | Publié le lundi 1 juin 2020
POURQUOI | Pochette | Nom
ET ALORS | Après un EP six titres paru fin 2016 dont nous ne ouîmes aucun écho, Sex Swing vient de sortir son premier album (sept titres, on change de catégorie), "Type II", et quel album ! Celui-ci est à l'image de la pochette et de la vidéo du single "The Passover" : malsain, morbide, avec tous les ingrédients propres à ravir tout ce que la musique compte de teigneux et de frustrés de tous âges. On pense aux Swans ou aux premiers Coil par le côté possédé, hypnotique et lancinant de la musique, ou plus près de nous à Pop. 1280 ou The Skull Defekts pour la hargne et la violence latente qui se dégagent de l'ensemble. Si vous aimez les saxos hurleurs, les synthés glacials, les basses énormes, les guitares tranchantes et le chant d'outre-tombe, vous serez ravis. Sex Swing vient d'Angleterre et deux de leurs quatre membres ont survécu l'un à un accident d'avion, l'autre à la foudre, c'est dire s'ils sont inspirés.
VOUS
LECTEURS
PRÉMO
16/20
Promenade Cinema
"Exit Guides"
DATES | Sorti le 20 mars 2020 | Publié le lundi 27 avril 2020
POURQUOI | Nom | Synthpop | Sheffield | Pochette
ET ALORS | Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Emma Barson et Dorian Cramm ont mis le paquet pour leur second album de cinedramatic synthpop comme ils aiment qualifier leur propre musique. Les ambiances qui se succèdent sont variées, alternant entre superproductions ("She’s an Art", "Nothing Nouveau") et réalisations plus solennelles et confidentielles ("After The Party, It’s Over"), pour un résultat d’une cohérence parfaite du début à la fin. L’atout majeur de ce duo venu de Sheffield est évidemment cette voix puissante que les synesthètes traduiraient probablement par une couleur flamboyante ; posé sur une électropop en gris foncé, le chant d’Emma insuffle le supplément de magie nécessaire aux machines pour donner vie à ces chansons que l’on devine toutes plus complexes qu’il n’y paraît de prime abord. On y aime la richesse des compositions et des arrangements, sans oublier ce panache omniprésent qui rappelle d’autres formations contemporaines telles que Black Nail Cabaret ou Pocket Knife Army. S’il fallait vous convaincre par un seul titre, ce serait "Nothing Nouveau" qui résume à lui tout seul la force de frappe et l’amusante mixité linguistique d’un groupe que nous allons désormais suivre de près.
VOUS
LECTEURS
PRÉMO
15/20
Tides From Nebula
"From Voodoo to Zen"
DATES | Sorti le 20 septembre 2019 | Publié le lundi 30 mars 2020
POURQUOI | Post-Rock | Pochette | Pologne
ET ALORS | Le rock instrumental des trois jeunes gens de Tides From Nebula a de quoi nous étonner et nous passionner : un jeu de guitare rageur, une section rythmique qui exécute des tonnes de motifs et des synthès aériens. La formule est diablement maitrisée et si elle était poussée au maximum, elle pourrait faire office de trait d’union entre le "WarMech" de Front Line Assembly et le "Myra" de Spurv. Ces musiciens originaires de Warsaw en Pologne jouent aujourd’hui dans la cour des grands en accordant une attention équivalente à leurs machines et leurs guitares, inventant une communication parmi deux mondes que l’on avait considérés jusqu’ici aussi hermétiques que peuvent l’être deux planètes d’un même système solaire, en permettant des échanges que l’on pensait impossibles voire contre-nature. "From Voodoo to Zen", leur cinquième album en dix ans revêt des allures de superproduction dans laquelle les machines et les guitares font match nul, et c’est bien là que réside la force de leurs compositions qui nous apparaissent alors comme une rafraichissante sortie de chemin sur l’autoroute souvent trop bien balisée du post-rock. Une sacrée réussite !
CONNEXE | Post-Rock | Pologne
VOUS
LECTEURS
PRÉMO
14/20
Shopping
"All or Nothing"
DATES | Sorti le 7 février 2020 | Publié le lundi 2 mars 2020
POURQUOI | Nom | Pochette
ET ALORS | Une guitare discrète, une basse slappée, dansante et omniprésente, quelques notes de synthés, beaucoup d'espace, un chant féminin et masculin alterné qui fait parfois penser aux B 52's, inutile de vous faire un dessin : on est en plein dance-punk, ce mouvement né de la no-wave et du post-punk au début des années 80, où l'on croise les fantômes de Gang Of Four, Erase Errata, Bush Tetras, Radio 4 ou ESG. Ici, ça claque, ça pulse, ça obtient un succès fou sur les pistes de danse, et en même temps l’ensemble reste froid et hargneux, ce qui comble prafaitement les rebelles coriaces que nous sommes. Un petit disque foutrement efficace qui ravira autant votre âme que votre corps, et est l’occasion de rendre un bel hommage a Andy Gill, le guitariste de Gang Of four, disparu il y a quelques jours.
VOUS
LECTEURS
PRÉMO
16/20
Say Hi
"Diamonds & Donuts"
DATES | Sorti le 7 février 2020 | Publié le lundi 24 février 2020
ET ALORS | Eric Elbogen, alias Say Hi est un américain sympathique et plein d'humour, qui fait tout tout seul, synthés (beaucoup), guitare (un peu) et chant (forcément), mais aussi packaging et vidéos. L'homme est discret, mais ça fait pourtant bientôt vingt ans qu'il roule sa bosse : il vient juste de sortir son onzième album, rien que ça ! Reste que toute la sympathie du monde ne lui a pas permis de ne sortir que des chefs d'oeuvres. "Bleeders Digest", en 2015, en était un, enfin disons un chouette disque que l’on adorait écouter pour ses pop-songs à la douce mélancolie, souvent dansantes, un peu frappadingues, et surtout fort plaisantes. L'album suivant était un peu plus décevant, trop mollasson. On était alors un peu dans l'expectative avec ce nouveau "Diamonds & Donuts" annoncé. Celui-ci est plutôt une bonne surprise, avec quelques excellents morceaux (vraiment !), hélas parfois un peu gâchés par des titres moins remuants et un peu plombants. Reste un bon disque, comme d'habitude, que l'on ne rechignera jamais à écouter et qui mérite que l'on s'y attarde.
VOUS
LECTEURS
PRÉMO
14/20
Esya
"Absurdity of ATCG (I)"
DATES | Sorti le 24 mai 2019 | Publié le jeudi 1 août 2019
POURQUOI | Pochette | Nom | Titre
ET ALORS | Une voix écorchée, et des effets qui la transforment en un cri étouffé qui hante ces mélodies lancinantes et entêtantes. Les premières secondes de "Absurdity of Atcg" d'Esya, le projet de Ayşe Hassan, bassiste de Savages, sont tout simplement hypnotisantes. Le premier titre, "Everything", dure plus de 8 minutes et Esya y répète à l’envi "Here we are, lost and found". Ce que nous sommes, perdus, après avoir pénétré dans cet univers déformé aux guitares dissonantes. On est tout simplement happé, aspiré par ces mélodies hypnotiques. Suit "Nothing" et ces lancinants "Did you hide, did you die", comme autant d’interrogations qui nous éloignent de tous repères connus. On pense à Sonic Youth pour la dissonance et les guitares, à PJ Harvey pour ce chant brut, presqu'érotique, ou à Nine Inch Nails pour la noirceur et la rudesse de l'ensemble. Mais toute cette matière est en fait bien plus complexe, totalement addictive.
VOUS
LECTEURS
PRÉMO
14/20
Ghostland
"Dances on Walls"
DATES | Sorti le 10 décembre 2018 | Publié le jeudi 14 mars 2019
ET ALORS | Trop de repères peuvent nuir à l'auditeur. "Dances on Wall" de Ghostland en est un parfait exemple. La formation est originaire d’Athènes et a signé avec le label parisien Manic Depression pour son premier album. Un label d'obédience gothique, qui accueille un groupe au nom qui l'est tout autant. Une poignée d'indicateurs comme autant de fausses pistes qui desservent les premières écoutes. Le disque est en effet plus lumineux que ce à quoi on pourrait s'attendre, neuf titres menés par la voix rafraîchissante de Makrina qui rappellent avant tout une autre formation bien éloignée de cet univers, les Canadiennes de The Organ. On est malgré tout plus près de Cure que des Smiths, avec quelques synthés en prime et de belles lignes de basse, mais il y a ici cette même lumière, ce don pour les mélodies enjouées et les compositions riches qui emporte tout et nous permet de passer un très bon moment.
VOUS
LECTEURS
13
PRÉMO
14/20
Lorelle Meets the Obsolete
"De Facto"
DATES | Sorti le 11 janvier 2019 | Publié le jeudi 14 février 2019
POURQUOI | Pochette | Nom
ET ALORS | Estampillé psyché shoegaze, le "De Facto" de Lorelle Meets the Obsolete est avant tout une étrangeté, particulièrement bien construite et surtout savamment variée, puisant d’une façon brillante dans des sonorités qu'on imaginait a priori plus familières au Royaume-Uni qu’au Mexique dont est originaire le groupe. Si des brumes shoegaze planent bien sur certains morceaux, l’ambiance est parfois franchement no wave ("Ana"), empreinte de l’ombre de Cure (les guitares de "Líneas En Hojas" ou la batterie d’"Acción – Vaciar"), la voix hypnotique peut rappeller celle de Julie Cruise et les 9 minutes de "Unificado" renvoient quant à elles à un post rock noise halluciné… Autant de repères qui sèment le trouble au lieu de nous rassurer mais qui font tout l'intérêt de ces compositions. Intrigantes, elles sortent des sentiers battus et donnent au groupe une personnalité hors-normes.
VOUS
LECTEURS
11
PRÉMO
12/20
FILTRES | ic | Pochette
PAGE | Suivante